Relecture du code électoral : l’insomnie qui fait impliquer le Président Talon dans le processus

La rupture serait-elle bloquée en face des lois qu’elle s’est elle même données pour le fonctionnement de la République ? Bien malin peut répondre à cette interrogation. En tout cas, les courses du chef de l’exécutif après les « Vous êtes qui? » montrent à quel prix le consensus des Démocrates était nécessaire dans la relecture du code électoral pour sortir le pays des affres de la rupture.

Eyitayo Charles YAÏ

Face à la décision de la Cour Constitutionnelle qui ordonne la révision du code électoral qui doit être appliqué pour les élections générales de 2026 et particulièrement celle présidentielle de la même année, le Président Patrice Talon semble changer de ton quant à son adresse à la classe politique de l’opposition. Lundi dernier au palais de la Marina à Cotonou, c’est un Patrice Talon conciliant, tempérant à la recherche d’un consensus national qui a rencontré les députés de l’opposition. Alors que ceux-ci ne sont ni de près ou de loin associés à l’élaboration des textes taillés sur mesure par un parlement monocolore et que ceux qui en son temps peuvent oser apporter son expertise, sont systématiquement jetés en prison ou contraints à l’exil pour les plus avertis, c’est à ce monde que recours est fait aujourd’hui pour pouvoir avancer.
Du compte rendu fait par les représentants du peuple qui l’ont rencontré, c’est à croire que la peur a changé de camp. Le Président de la République aurait clairement manifesté ses intentions de voir les députés « Démocraties » s’associer à sa majorité au parlement pour réviser dans un esprit consensuel le code électoral. Lui qui, il y a moins de deux mois haussait le ton devant celui qui lui a cédé le fauteuil au point d’adresser de virulente question a l’ancien président du Parti, aujourd’hui premier vice-président de cette formation politique de l’opposition, voulant savoir qui il était pour oser lui prodiguer des conseils, aurait complétement ramené la balle à terre. Devant l’ensemble des députés de l’opposition le 22 janvier 2024, Patrice Talon a montré un autre visage de l’homme qu’il était avant 2016 quand il épiait le pouvoir d’État. L’instant présent pour le Président Talon, c’est de réussir à convaincre l’opposition à rallier à son intention. Aucun sacrifice ne sera de trop pour « Agbonnon » à atteindre ses objectifs. C’est d’ailleurs pourquoi l’homme s’est versé dans un aveu pour confesser implicitement qu’il avait vraiment menacé la paix au Bénin depuis 2016. Sinon, comment comprendre l’expression du Chef de l’Etat quand il dit: « Je veux laisser le pays dans l’état dans lequel je l’ai trouvé en 2016 »? Et si Patrice arrive à un tel niveau d’échange avec l’opposition, comprenez que le calice a débordé du côté de sa majorité.