Le village Challa-Ogoï : A la découverte de l’arbre sacré iroko
L’iroko dans la tradition ancestrale africaine, n’est pas un arbre ordinaire. Milicia excelsa est son nom scientifique. Il est investi d’un pouvoir sacré. Au delà de son aspect physique, l’iroko dans son existence, relève de la métaphysique. Arbre sacré, il a plusieurs dimensions spirituelles. Redoutable et vénéré, il peut atteindre 50 mètres de long et son tronc va jusqu’à 25 mètres de haut et de 1,40 mètres de diamètre. Il est appelé dans l’aire culturelle Yoruba » Obà égi » qui signifie le roi des arbres dans la forêt. Il s’impose de part son aspect physique gigantesque et redoutable. Il est beaucoup utilisé dans la médecine traditionnelle. Puissant arbre, il incarne la sainteté. Souvent ceint d’un pagne blanc, à ses pieds, des rituels se font pour implorer son secours ou pour faire des doléances. Le guérisseur traditionnel doit l’invoquer avant de l’utiliser pour guérir des maladies liées à la sorcellerie, aux envoûtements. Ses feuilles, ses graines, ses écorces et autres ont beaucoup de vertus avec de pouvoirs mystérieux : il est pour tout dire, un arbre à puissance magique. Mais aujourd’hui, il héberge beaucoup de choses mystiques.
En 2020, dans le village Challa-Ogoï dans la commune de Ouèssè, il existe une forêt appelée « Achin » où coule un affluent, dans laquelle il y a un arbre iroko. Un scieur qui a osé l’abattre comme un arbre ordinaire, n’a pas pu l’abattre. Sa machine était coincé et gardé par l’iroko. Toutes les tentatives pour retirer la machine étaient vaines. Tourmenté, il s’est rendu chez les têtes couronnées pour leurs confier sa mésaventure. La science traditionnelle divinatoire qui est le Fâ, consultée a exigé une cérémonie rituelle aux pieds de l’arbre sacré afin de conjurer le mauvais sort qui plane sur le scieur et aussi des dispositions doivent être prises pour le retrait de la machine qui a refusé de sortir de l’arbre. Tous les ingrédients dans le cadre du rituel ont été réunis, le rituel accompli. La machine a été retirée et l’arbre continue son existence jusqu’à ce jour. Une tournée dans cette forêt a permis de voir l’arbre vivant, géant et inébranlable.
Le patriarche Jean Pliya connaissait la vertu des feuilles et la puissance des arbres. Dans sa nouvelle intitulée l’arbre fétiche publié aux Éditions Clé à Yaoundé en 1971, Jean Pliya a fait comprendre que l’arbre fétiche qui est l’iroko est sacré. Même les traditionalistes affirment que cet arbre symbolise un ancêtre. Dossou, l’un des personnages de cette œuvre réussit à terrasser l’iroko sacré, mais il le paie au prix cher de sa vie. Il a été écrasé à son tour par l’arbre abattu qui constitue un arbre tant vénéré en pays Fon. La riposte foudroyante de l’iroko sur Dossou est significative.
Cependant, pour abattre certains arbres considérés comme sacrés, il faut un rituel pour demander leur permission. Tout arbre n’est pas abattable aussi facilement. La sacralité est africaine.
Chester VIHOUEDELI
Ah oui le blanc qui a dit l’afrique est le berceau de l’humanité sait de quoi il parlait … Afrique continent de la science infuse.