En vérité, en vérité je vous l’écris: Par Eyitayô Charles YAÏ. IL ÉTAIT UNE FOIS LE 26 OCTOBRE 1972 : Kérékou avait prévenu son coup d’État avant de passer à l’acte

.Quelle témérité légendaire du caméléon de Kouafa ?

À l’évocation de cette date du 26 octobre 1972, la nouvelle génération post 30 novembre 1975 et en particulier celle qui vient après la conférence nationale de 1990 n’aura de sentiment que celui que lui a laissé l’histoire. Et pourtant, cette date fait partie de celles qui ont marqué l’histoire politique de ce pays à l’image du 1er août 1960 ou du 19 au 28 févrer 1990. 26 octobre 1960 – 26 octobre 2024, cela fait exactement 52 ans que le Dahomey a tourné la page de l’histoire de l’enfant malade de l’Afrique pour aborder une période de stabilité politique avec la prise du pouvoir d’État par une équipe de jeunes officiers de l’époque ayant à sa tête le Chef de bataillon, Mathieu Kérékou. Le Gouvernement militaire Révolutionnaire – GMR – prend le contrôle du pays. C’est la naissance du régime révolutionnaire qui aura à durer 17 années calendaire. Pendant cette période, tous les citoyens du pays devraient êtres prêts pour la révolution pour que continue la lutte. La mobilisation de masse pour la défense de la patrie était le leitmotiv du système. C’est la révolution ou la mort. Et, ceux qui ne voudront pas accorder leur violon à ce système ont le choix de prendre la route de l’exil ou de laisser leur peau en martyr.
52 ans déjà que ce phénomène a vu le jour, et le temps a eu raison des survivants. Oui, ils ne sont plus nombreux aujourd’hui les témoins oculaires et surtout les principaux acteurs du putsch qui ont rangé au placard le régime du monstre à trois têtes (Maga – Apithy – Ahomadégbé) et fermé définitivement la page de l’instabilité politique au Dahomey.

Kérékou avait prévenu son coup d’État avant de passer à l’acte.

L’histoire retiendra le courage légendaire de l’homme qui a porté la casquette coup d’État du 26 octobre 1972. L’histoire retiendra de l’homme son honnêteté, sa franchise dans les relations, son humour et ses plaisanteries pour faire passer ses messages les plus sérieux et importants pour la vie de la nation. Avant le coup d’État du 26 octobre 1972, en effet, Mathieu Kérékou, une semaine à l’avance l’a fait savoir à qui veut l’entendre. Pourtant, il était sérieux comme le décrit le célèbre professeur de l’histoire, feu Félix Iroko dans son livre intitulé : « Le Président Mathieu Kérékou ; Un homme hors du commun » paru aux éditions « Les nouvelles Éditions du Bénin » à Cotonou. Dans cet opus à la page 134, l’auteur précise comment Mathieu Kérékou avait annoncé son complot contre l’État plusieurs jours avant de passer à l’acte. On peut alors lire : « Un fait divers tout à fait anodin, nous confirme qu’il était parfaitement au courant du coup d’État du 26 octobre 1972 qui était, dans une large mesure son coup d’État. Le vendredi 20 ou le samedi 21 octobre, il était allé rendre une visite de courtoisie au quartier Gbégamey à Cotonou. Lors des conversations, l’une des filles de la maison, madame Marie-Thérèse Vodié, lui demanda s’il pouvait mettre à sa disposition sa voiture pour aller voir sa sœur Emilie à Bopa dans le Mono. À la question de Kérékou de savoir à quel moment elle comptait faire le déplacement, elle lui répondit que c’était pour le 26 octobre. « Ce n’est pas possible » s’écria-t-il. « La semaine prochaine » poursuit-il, « nous serons très occupés, car, je compte faire un coup d’État et enfermer tous ces petits bandits là. Si tu veux, je te nommerai Ministre des Affaires Etrangères ». ils éclatèrent tous de rire, madame Vodié ayant pris les propos de Mathieu qu’elle connaissait pour ses jeux d’esprit, pour une grosse plaisanterie. Moins d’une semaine après, à leur grande surprise, madame Vodié et mademoiselle F. Wilson venues le voir et ayant suivi la conversation, apprirent à la radiodiffusion, le coup d’État de Kérékou Mathieu ».
Voilà la témérité de l’homme qui, par cet acte sera amené à conduire la destinée du Bénin pendant vingt neuf (29) années de sa vie. C’est ainsi que le caméléon de Kouafa a imprimé en écriture indélébile dans l’histoire politique du Dahomey devenu Bénin, cette fatidique date du 26 octobre qui a sa place réservée dans les annales.