REPRÉSENTATION DES JUMEAUX CHEZ LES SHABÈ AU BENIN
Les jumeaux sont appelés ibeji, ce qui pourrait se traduire par naissance double « ibi meji »(bi: naître et mettre au monde,meji: double et deux). Chez les Shàbè comme chez les Yoruba les jumeaux sont quelque chose de spécial. Considérés comme des dieux ils sont adorés et on leur propre culte car il apporte bonheur et bénédiction à leur famille. Dans la société les jumeaux sont craints ils sont un symbole de prospérité de fertilité et de richesse.Selon nos croyances, les jumeaux sont des doubles spirituels rattachés l’un à l’autre. Quand l’un des deux enfants meurt ,son âme appelle celle de son frère ou de sa sœur pour la rejoindre.Cett mort créé un important déséquilibre mettant en péril la vie du second enfant .Afin de rétablir l’équilibre perturbé les parents font réaliser un réceptacle(ere ibeji ou ope) c’est- à- dire une statuette en bois qui représente l’âme de l’autre afin de réunir l’esprit des deux enfants.Chez les sàbè les jumeaux ne meurent pas mais on dira qu’il est <<allé chercher les fagots de bois dans la forêt>>.
Signification des noms des jumeaux.
Lorsqu’une femme a des jumeaux pour la première fois on les appellera Tayewo et Kęhindė dans l’ordre respectif d’arrivée au monde.Voici l’explication de ces noms.
Tayewo est la contraction d’une phase à trois mots: Tò ayé wo qui veut dire » va goûter le monde » (sous entendu, pour savoir s’il est bon, s’il vaut la peine de venir à la vie).
Kę ęyin dé signifie « viens,suis derrière ».C’est celui qui vient en dernière position.
Bien que considérés comme égaux les jumeaux sont par ailleurs différenciés sur le plan légal, l’un étant l’aîné et l’autre le cadet. Le critère pour décider de leur âge respectif est basé donc sur l’ordre des naissances. Chez les Sàbè à l’instar de plusieurs groupes ethniques en Afrique le dernier venu au monde est considéré comme l’aîné des jumeaux.C’est d’ailleurs cette croyance qui fera de Kęhindė ,le deuxième des jumeaux l’aîné. En effet,dans la tradition sàbè, c’est l’aîné qui peut commander, et qui commande au plus jeune et lui dit d’aller se renseigner pour savoir s’il vaut la peine de venir à <<ayé>>(monde).L’autre part donc en éclaireur ,puis, il dira à son aîné « viens, suis -moi ».
Les noms des jumeaux précédemment expliqués s’appliquent aux premiers-nés d’une femme quel que soit leur sexe.
Si la même femme vient à accoucher de jumeaux à nouveau on les appelle Edon et Akin Edon est le nom d’un singe qui donne toujours naissance à des jumeaux qu’on associe aux jumeaux humains. C’est la raison pour laquelle les sàbè assimilent les jumeaux au singe et on leur demande de ne pas consommer sa viande. Cette réalité est liée à un adage populaire nagot qui dit que <<ce n’est pas de ma bouche que tu apprendras que Akin consomme la viande du singe.>>(Lanou mi ko i ke gbo soni Akin njè aiyaa).
Si la même femme mettait encore d’autres jumeaux au monde les noms pour cette 3e série seraient différents pour les filles. On appellerait encore *Edon et Akin*,les *garçons* et pour les filles,les nouvelles appellations seraient Owoï et Inan shàbè.
L’enfant né unique après des jumeaux sera dénommé quel que soit son sexe ldowu. ou << esu lehin ibeji>> signifiant en yoruba le polisson qui vient après les jumeaux* car les nommés Idowu ont la réputation de n’être pas des enfants faciles. Très attaché à ses frères ou sœurs ibeji, il les suit partout.
Après Idowu,si les naissances continuent,le suivant prendra le nom de *Alabajè* communément appelé *Alaba* Ce nom Alabajè signifie » compagnon de table » car il aime manger avec les jumeaux. Si Idowu est un enfant turbulent voire têtu, Alaba semble un peu calme et bien posé.
Oriki des ibeji
1-
Ejirè okin
Ejirè ti mo bi,ti mo jo
Ejirè ti mo bi,ti mo yò
Ejirè ara isokun
Òmõ édun nsere lori igi.
Ejirè wo ile olowo kó lò
O wo ile olola ko lò bè
Ile alakisa lo lò.
Ejirè sò alakisa di alosò igba
O sò otosi di olowo.
Bi Taiwo ti nlò ni iwaju
Bèèni ,Kèhinde ntò lehin.
Taiwo ni òmõde, Kèhinde ni egbon.
Taiwo ni a ran ni sè
Pe ki o lo to aiye wo
Bi aiye ba dara,bi ko dara.
O tò aiye wo. Aiye dun bi oyin
Taiwo, Kèhinde ni mo ki
Eji wòrò ni oju iya rè
O de ile òba térin-tèrin
Jè kin nri jè,kin ri mõ.
2-
Ejirè oyinla,winiwini loju orogun,
ejiworò loju iya rè
Mba bejirè mbayò,
O bè késè bè kasa,
O sò alakisa di onigbasò,
Òkan ni mba bi mba yò,
Sugbon meji lòwòle tòmiwa
Gbajumõ omo tin ngba ikunlè iya,
Ti ngba idòbalè lòwó baba to bi won lòmõ
Ejirè ara isokun,edunjobi,omon édun ton sere lori igi.
Epo nbè,ewa nbè,aiya mi oja lati bi ibeji.
Taïwo J. BALLEY
C’est très bon, très riche et émouvant