GRÂCE PRÉSIDENTIELLE ACCORDÉE AUX PRISONNIERS : Liberté pour des délinquants et prison corsée pour les détenus d’opinion ? « J’aurais souhaité que ces gens soient amnistiés » a déclaré Maître Victorien FADE

0

Quatre cent trente sept (437) criminels et délinquants jugés et vingt sept (27) détenus impliqués dans les affaires politiques sont concernés par les deux décrets du Président de la République signés du 02 Août 2024 et qui accordent la grâce aux pensionnaires dans les prisons au Bénin. Ainsi, ces pensionnaires des centres pénitenciers sont désormais disculpés de toutes soupçons des faits qui leurs sont reprochés et peuvent jouir de leur liberté. Que quatre cents trente sept (437) prisonniers soient mis en liberté sur l’effectif de plus de 18000 qu’ils sont, c’est un pas franchi par le Chef de l’État, mais reconnaissons que c’est une goutte d’eau dans la mer. Par dessus, c’est de voir la qualité des détenus à qui on rend la liberté. Lorsqu’on sait que depuis 2016, nos prisons sont plus bondées des citoyens qui s’y retrouvent non pas parce qu’ils ont commis un acte délictueux ou criminel, mais parce qu’ils ont exprimé leur opinion sur la manière dont le pays est gouverné. Le bon sens voudrait que le décret présidentiel qui accorde la grâce aux prisonniers prend en compte et sans exception tous les prisonniers politiques en commençant par les plus emblématiques Joël Aïvo et Reckiyath Madougou. Mais, que le Chef de l’État par son décret de grâce présidentielle déverse dans la population 437 délinquants et criminels reconnus comme tel et sélectionne seulement 27 des délits d’opinions. Il reste que la rupture nous explique le mécanisme qui consiste à faire la promotion de ce phénomène que tout régime combat.
En gardant dans les liens de détention les ténors de l’opposition pour libérer des délinquants et criminels à l’image du procès de Jésus-Christ dans la Bible, le Chef de l’État prouve ainsi que son disque n’a pas changé de cadence. Le Président Patrice Talon droit dans ses bottes est toujours dans sa logique de ce que « le pardon est une faute » qu’il a clamé à qui veut l’entendre lors de sa rencontre avec l’ancien Président Boni Yayi en septembre 2023.

Les impressions de l’Avocat Victorien Olatoundji Fadé après la grâce accordée à certains prisonniers politiques

« J’aurais souhaité que ces gens soient amnistiés » a déclaré Maître Victorien Olatoundji Fadé à un média de la place après la publication de la liste des personnes concernées par le décret présidentiel. Selon l’Avocat qui prend la défense de nombreuses de ces personnes devant la justice, Patrice Talon aurait bien fait de revenir sur sa décision en encourageant la loi sur l’amnistie qui est déposée sur la table des députés depuis le début de cette 9è législature. S’il est vrai que ses clients recouvrent la liberté par le truchement de la grâce présidentielle, il n’en demeure pas moins que ces citoyens sont désormais privés de certains de leurs droits tant leurs casiers judiciaires restent tachés par des encres que la grâce présidentielle ne peut effacer, a déploré Maître Victorien Olatoundji Fadé.

Eyitayô Charles YAÏ

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *