Elections présidentielles de 2026 : Le Président Talon veut-il vraiment briguer un 3è mandat?

Le bruit se fait entendre depuis peu de la classe politique béninoise de ce que le Président Talon prépare et ourdit un 3è mandat, donc candidat à sa propre succession en 2026. Faut-il vraiment croire à cette information qui reste jusque là à l’étage de rumeurs? Mais lorsque la nouvelle devient récurrente et qu’il s’agit d’un acte hautement politique, il vaut mieux en tenir compte et porter suffisamment de gants pour être moins surpris au moment venu quand les choses nous tomberont dessus. Il est vrai, la constitution le martèle que le mandat présidentiel ne peut être limité qu’à deux et que nul ne peut exercer plus de deux mandats de sa vie. Il est aussi vrai que devant la communauté internationale au Bénin comme ailleurs, Patrice Talon a confessé de sa bouche qu’il ne ferait pas plus que les deux mandats et qu’il n’y a aucune ambition pour les échéances prochaines de 2026. Mais, « le chat échaudé craint l’eau froide » affirme une sagesse africaine. Lorsqu’on se réfère aux termes de campagne du candidat Patrice Talon pour les élections de 2016 et sa déclaration officielle et solennelle au cours de sa prestation de serment le 06 avril de la même année devant cette communauté nationale et internationale de ce qu’il ferait de son mandat unique une exigeance morale et que quelques années seulement plus tard, il déchante pour aviser et briguer un second mandat, il y a lieu de s’inquiéter et d’être prudent.
Il faut reconnaître aujourd’hui que Patrice Talon a les moyens de sa politique. Si l’homme veut vraiment briguer la prochaine magistrature, rien ne peut lui faire obstacle. La majorité mécanique de la classe politique, le monde des affaires, l’armée, les grands électeurs etc sont à sa solde. Les moyens financiers ne lui font pas défaut. Mais Patrice Talon disait à qui voulait l’entendre en son temps que : le point de discorde entre lui et son ancien ami Boni Yayi, alors Président de la République était d’avoir à empêcher celui-ci à réviser la constitution pour briguer un troisième mandat. Le voilà lui-même aujourd’hui devant la réalité du pouvoir. Il échet que le peuple s’apprête à faire face à toute évidence lorsqu’on sait que celui dont il s’agit incarne encore le pouvoir éphémère. On doit toujours se demander pourquoi, lors de la rentrée parlementaire de la première session de l’année, le Président de l’Assemblée Nationale, Louis Vlavonou avait ébauché dans son discours une éventuelle révision de la constitution?. Très peu de compatriotes s’étaient intéressés à cette partie de l’allocution du deuxième citoyen béninois. Les bruits du troisième mandat qui se font entendre pouvaient donc avoir leur origine lointaine. Mais le projet peut aussi être un ballon d’essai pour prendre la tension du pays et voir à quel degré de popularité la rupture fascine encore le Bénin.

Eyitayo Charles YAÏ