CULTURE : À la découverte de Gagalo dans l’aire culturelle shabè

Le royaume shabè est une référence en matière de la danse Gagalo car il en a fait un art. Une danse ancestrale et de réjouissances publiques. Elle répond à deux aspects : culturel et sportif.

Quelle est l’origine de Gagalo?

Selon nos recherches auprès des familles pionnières de la danse Gagalo dans les villages de Diho ( Owolabi, Adimi, Monda), Ouoghi( Oké), Kaboua(Sinimbou), Alafia et Okounfo, et notamment notre entretien avec la personne ressource Jean Awo Monda le continuateur des œuvres de Gagalo à Diho, il ressort que lors du règne du roi Agadja d’Abomey en 1727, une partie du royaume shabè était victime du commerce d’esclaves. Ceux qui étaient vendu, la plupart ne revenait plus. Par contre, d’autres étaient libéré à cause du lien d’amitié ou la bonne volonté des régisseurs du palais royal d’Abomey. Lors de son passage, un Tchabè aurait vu la danse organisée sur des toutes petites cannes de bambou et celui qui montait sur elles, était à visage découvert. Dès son retour en pays shabè, il aurait parlé de cette danse très rapidement répandue dans plusieurs villages. Il faut mentionner que les premiers bambous pour le baptême de feu de la danse Gagalo à Diho et dans certaines localités seraient venus du Nigéria. Au bout du rouleau, les pousses de bambou cherchées du Nigéria ont été implantées en pays shabè. Depuis, plusieurs localités ont développé la danse autrement et Diho continue convenablement de l’exercer jusqu’à ce jour.

Quelques célébrités de la danse Gagalo dans l’aire culturelle shabè?

Les pionniers ont fait usage des moyennes cannes de bambou aux grandes cannes de bambou de 5 à 6m. L’accoutrement est particulier avec des esquisses des pas de dance extraordinaires. Le décollage et le fait de faire monter un enfant à partir de la canne de bambou et le prendre dans les mains sont des moments forts de la danse Gagalo. Des chansons convenables à chaque Gagalo font la fierté de cette danse ancestrale. L’aire culturelle shabè est considérée donc comme la créatrice moderne et la conceptrice de la danse Gagalo. Des célébrités :
A Diho on peut citer entre autres Owolabi Mathieu, Adimi Josué, Chabi Ishola, Monda Chakirou, Monda Awo Jean( ce dernier encore en vie).

Alafia : Chabi Marcos. Kaboua : sinimbou alias Gbantikimédjo ( qui signifie les herbes n’empêchent pas le serpent de circuler). Ouoghi : oké Zachée alias Papa Challa etc …

Vers 1742, plusieurs pionniers étaient à Kaboua pour tenir en haleine la population lors d’une cérémonie au cours de laquelle le balè d’alors Biaou élédoumaré était honoré. Le Gagalo a voyagé à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Le brassage culturel a fait exister la pratique de la danse de Gagalo en milieu fon. Par exemple à Ouèssè et dans d’autres localités
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Comment faire appel à Gagalo pour danser?

A la veille de la danse de Gagalo, un rituel d’appel se fait. Il consiste pour les initiés de Gagalo à se réunir sous un arbre quelconque pour invoquer les mânes de tous les ancêtres. Un initié est désigné pour monter au sommet de l’arbre pour crier « Abouée oooh » c’est-à-dire une sorte d’alerte pour invoquer le « daïbi » et annoncer la nouvelle sortie de Gagalo. Après avoir crié trois fois, il descend de l’arbre et ensemble avec les autres ils entament en chœur la chanson suivante :
Éwé baoulé iloufè
Éwé oooh
Éwé ókó baoulé iloufè
Éwé oooh.
Après ce rituel, le lendemain matin, le Gagalo appelé  » Atayé » sortira pour visiter la population en l’informant de la sortie de Gagalo.

Que signifie donc « Gagalo »?

Le mot  » Gagalo » est composé du préfixe « Ga » qui veut dire : haut. Le second « Ga » dans le mot vient l’accentuer. D’où Gagalo signifie ce qui est haut, élancé, plus haut et toujours haut. Il est encore appelé « égi ókó ».

Qu’apporte donc la danse de Gagalo à la communauté shabè?

La danse Gagalo est une danse ancestrale. Elle réjouit le public. En temps pluvieux, s’il ne pleut pas vite, les têtes couronnées après consultation du Fâ, cette science traditionnelle divinatoire peut recommander la sortie de Gagalo. Après les prières, le même jour, il pleut. D’autres doléances sont liées aussi à sa sortie.

L’organisation traditionnelle des initiés de Gagalo

En premier rang, il y a le responsable du couvent qui est le conseiller des initiés. Il a le regard sur tout ce qui se passe et sur tout ce qui se fait. Il est appelé communément « Baba làgbó », désigné parmi les anciens initiés.
Une femme désignée appelée »iyà làgbó » est en collaboration directe avec le  » Baba làgbó ». Le rôle des femmes dans la danse de Gagalo est très primordial.
Nous avons après, les différents initiés selon leurs grades et rangs respectifs.

Quelques chansons de la danse Gagalo

La chanson de daïbi :
daïbi ooo daïlá, daïbi wa gba témi gbò ooo
daïbi ooo daïlá, daïbi wa gba témi gbò ooo.

La chanson chantée lorsque le » Gagalo » accueille un enfant dans ses bras :

Oni koni djà ooo lèkè émi ooo, Òmon lòmon koni djà lèkè mi ooo
Oni kalé djà lèkè mi ooo
Koni djà, Òmon lòmon koni djà lèkè mi ooo.

Autres types de Gagalo:

Gagalo kaké : c’est le Gagalo avec de très petites cannes à bambou. Son rôle est de distraire la population avec la comédie.

Gagalo shango : c’est le Gagalo dont l’accoutrement est pareil à celui de shango. Un accoutrement de couleur rouge. Il sort souvent en dernier. Chaque Gagalo avec ses chants.
Il est impérieux que Diho qui tient jusqu’à ce jour, les rênes de la danse de Gagalo, ait un musée de Gagalo. C’est ensemble main dans la main qu’on pérennisera nos valeurs endogènes.
Orisun, notre héritage culturel.

Chester VIHOUEDELI